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Le monde de travail rongé par un nouveau mal, le brown-out

Marché de l'emploi -
2 novembre 2016


Le monde de travail rongé par un nouveau mal, le brown-out

On connaît le burnout, syndrome d’épuisement professionnel et le bore-out, l’ennui au travail. Aujourd’hui, une autre pathologie en lien avec l’emploi fait son apparition: le brown-out. Ce terme désigne le fait de ne plus trouver de sens dans son job.

Votre emploi vous paraît absurde? Vous ne tirez aucune satisfaction dans le travail qui vous est confié? Si tel est le cas, vous n’êtes pas anormal, mais vous souffrez peut-être de brown-out. Ce terme furieusement à la mode désigne un phénomène pas si nouveau que cela: la démotivation causée par un job vide de sens.

Réunionite et procédures trop lourdes

Le terme brown-out, emprunté au vocabulaire du domaine de l’électricité, signifie «baisse de courant». Il a été choisi par deux chercheurs, le britannique André Spicer et le suédois Mats Alvesson, dans leur ouvrage «The Stupidity Paradox», pour désigner cette «perte de sens» qui touche de plus en plus d’employés.

Entre les tâches inutiles, les réunions sans fin, la bureaucratisation extrême, les projets qui n’aboutissent pas et les procédures contre-productives, bien des employés ont l’impression de brasser de l’air dans leur travail. Les «bullshit jobs», ces emplois inutiles et sans intérêt, gangrènent certaines entreprises ou administrations et engendrent le brown-out. En y ajoutant le morcellement des tâches, qui empêchent de voir la finalité d’un travail, ou les méthodes de management déshumanisées, on comprend mieux pourquoi certains employés perdent toute motivation.

Les cadres suisses particulièrement touchés

Nouveau fléau professionnel, le brown-out concerne tous les corps de métier. Même ceux que l’on imagine porteurs de sens, tels que la santé ou le social. Ici, la cause est souvent un management qui va à l’encontre des valeurs phares de la profession. Mais en Suisse, ce sont plutôt les cadres qui peinent à trouver un sens à leur job. Malgré un poste enviable et un salaire très confortable, certains se sentent désemparés face à des tâches parfois pas assez concrètes à leur goût.

Si le brown-out commence à interpeller, ce n’est pas sans raison. Ce phénomène peut engendrer des problèmes assez similaires à ceux du burnout: perte de motivation, de concentration et donc d’efficacité, désengagement, déprime, voire même dépression. Mais le plus inquiétant, c’est l’importance de ce nouveau mal. L’entreprise de coaching américaine Corporate Balance Concepts a passé en revue les profils de 1000 managers. 5% d’entre eux souffraient de burnout, mais 40% étaient atteints de brown-out!

Autant dire que cette «perte de sens» que ressentent bon nombre de salariés est loin d’être un problème mineur. Et il n’existe pas de solutions miracles pour s’en débarrasser. Certains acceptent leur sort, faute de mieux, tandis que d’autres préfèrent se réorienter pour enfin retrouver la motivation de se lever chaque matin.


Christelle Genier

 
 
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